Une contribution à la Journée internationale des mathématiques (IDM 2021), dimanche 14 mars 2021, dont le thème est Mathématiques pour un monde meilleur.
Comme toutes les entreprises humaines, les mathématiques s’épanouissent mieux dans un environnement libre, ouvert et tolérant qui favorise le libre échange d’information scientifique et des collaborations libres par-delà les frontières et les cultures. Malheureusement, de nombreux collègues n’ont pas droit à de telles conditions, et certains d’entre eux sont privés d’une manière ou d’une autre de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux.
Le cas d’Azat Miftakhov illustre les problèmes des droits humains en Russie. Miftakhov, un doctorant en mathématiques à l’université d’état de Moscou, a été arrêté en février 2019 à Moscou sur de prétendues charges de vandalisme, liées à un acte de protestation politique. Miftakhov, qui a plaidé non coupable pour ces charges, a été maintenu en détention provisoire pendant près de deux ans et soumis par les autorités à des mauvais traitements marqués et peut-être à de la torture. Malgré le soutien de nombreuses organisations mathématiques et scientifiques, un tribunal de Moscou a jugé le 18 janvier 2021 que Miftakhov était coupable d’hooliganisme et lui a octroyé une peine manifestement excessive de six ans de prison.
Tuna Altınel, professeur de mathématiques à Lyon, a participé en 2019 à une réunion publique à Lyon au sujet de massacres présumés au sud-est de la Turquie. Le consul local de Turquie a rendu compte de cette réunion aux autorités turques d’Ankara, mentionnant que le Dr. Altınel avait servi d’observateur. Une accusation d’appartenance à un groupe terroriste armé s’en est suivie et lors d’une visite en avril en Turquie, son pays natal, le passeport d’Altınel lui a été confisqué. Il a ensuite été arrêté et placé en détention provisoire pendant 81 jours. Les charges ont été ultérieurement réduites à celle de propagande pour un groupe terroriste. Dr. Altınel a été acquitté de cette dernière accusation en janvier 2020, mais son passeport n’a pas été restitué ; il demeure dans l’incapacité de quitter la Turquie.
La mathématicienne et militante égyptienne des droits humains Laila Soueif n’a aucun répit. Elle et sa famille ne connaissent que trop bien la répression politique en Egypte. Son fils Alaa, qui avait été une icône de la Révolution égyptienne en 2011, a été emprisonné à plusieurs reprises et il est détenu depuis 2019 à la prison Tora, et privé de visites et de communication. Laila Soueif a entamé un sit-in devant la prison pour demander qu’elle soit autorisée à recevoir une lettre d’Alaa. Elle y a été physiquement attaquée, ainsi que ses filles qui l’avaient rejointe. Lorsqu’elles sont allées rapporter l’agression aux autorités, l’une d’elles, Sanaa, a été emmenée par des policiers en civil et emprisonnée.